Peu enclin à la tradition familiale, le jeune Christian possède un sens inné de l’esthétique et de l’art sous toutes ses formes. Il termine de vagues études puis s’installe à Paris. Très vite, il ouvre une galerie et expose les toiles des plus grands, de Picasso à Matisse. Mais en 1931, tout bascule, les Dior perdent leurs biens. Fini la galerie, Christian vivote désormais à Paris.
Fasciné par la mode, il dessine, accumule les croquis. Allant de maison de couture en maison de couture, il trouve finalement preneur auprès de Nina Ricci et Balenciaga puis se fait embaucher par un grand de la mode, Robert Piquet, chez lequel il peut laisser vagabonder son esprit créatif pour coudre des pièces qui deviendront cultes, à l’image du fameux tailleur pied-de-poule.
Après la guerre, il fait une rencontre décisive avec Marcel Boussac, roi du coton, qui le finance et lui permet d’ouvrir sa propre maison de couture dans la très célèbre Avenue Montaigne. Installé auprès des plus grands, Monsieur Dior n’a rien à envier à ses voisins, lui qui ose découvrir les jambes de la gent féminine, mélangeant avec délicatesse classicisme et innovation. Son premier défilé en 1946 est un succès, et ses créations sont un hymne à la féminité et à la séduction. Il représente la qualité, le savoir-faire et l’excellence de l’élégance française au même titre que Chanel dans le monde de la Haute Couture.
Sa vision et sa perception de l’éternel féminin le poussent à se lancer dans la fabrication de parfums. Miss Dior est commercialisée dès 1947, pour compléter la panoplie classieuse avec laquelle il habille les belles, en les vaporisant délicatement de cette flagrance qui fera son succès.
Au fil des défilés il s’impose comme une figure essentielle de la mode, révolutionnant les codes, raccourcissant les tailleurs, coiffant les têtes de petits chapeaux en forme de tambourin, faisant porter des escarpins pointus et des gants à ses modèles, puisant auprès de ses amis peintres une inspiration éclairée. Calme et mystérieux il travaille sans cesse, porté par sa détermination et son besoin de glamour. Il transporte le chic à la française bien au-delà des frontières, allant jusqu’à faire la une du très sérieux Time Magazine.
Au summum de sa gloire professionnelle, il décède d’une crise cardiaque à 52 ans en préparant sa nouvelle collection auprès du jeune style qu’il vient juste d’embauche, Yves Saint-Laurent ! Il se raconte aujourd’hui que Monsieur Dior continue de hanter ses ateliers pour veiller au travail des petites mains et à la création de modèles uniques qui gardent l’empreinte de son esprit stylistique si particulier.