Lorsque sa mère décède, son père qui ne voulait en rien mettre fin à sa vie de bohème la confie, pour ne pas dire l’abandonne, aux religieuses du monastère d’Obazine où elle passera de nombreuses années. Dans cet univers austère, l’enfant libre qu’elle était doit cependant se soumettre à la rigueur. Mais elle refuser le noviciat préférant apprendre le métier de couseuse.
Elle accumulera les petits emplois, brodant des draps pour quelques bourgeois... Réaliste, animée par une puissante énergie pour "s'en sortir", elle est bien décidée à y arriver par quelque moyen que ce soit. C'est ainsi qu'elle rencontre Étienne Balsan, riche héritier qui l'aidera à parfaire son éducation, lui faisant découvrir la vie de château. Elle n'y prendra jamais vraiment goût, mais profitera de cette opportunité pour créer ses premiers chapeaux, qui deviendront rapidement sa carte de visite. Elle continue toujours de créer ses propres robes, ne se résolvant à porter les vêtements de tout le monde.
Elle rencontre ensuite Arthur Capel, industriel anglais, dit Boy, qui l’entraîne jusqu’à Paris. Avec son aide, elle ouvre en 1910 sa première boutique, Rue Cambon, puis celle de Deauville, en 1913 et de Biarritz en 1915.
Lorsque la guerre survient, elle fait ses armes de couturière pour de belles élégantes réfugiées en Normandie, où s'est elle-même repliée. Petit à petit son style se profile, elle libère le corps des femmes, adopte des matières comme le jersey... Elle dégage un tel charisme que ses clientes n’ont de cesse de vouloir imiter sa maigreur, ses cheveux courts et son allure qui fait toute la différence à l’époque. Elle emploie alors 300 ouvrières. Mais lorsque son amant décède, elle s'enferme Rue Cambon, se réfugiant dans la création, travaillant jusqu’à l’épuisement.
Petit à petit la légende se forge, elle devient l’amie des artistes, auprès desquels elle cultive son inaltérable goût du beau et de l’esthétisme. Elle épure ses coupes, révolutionne l’image de la femme indépendante, un concept qui lui est cher plus que tout autre.
Après la Deuxième Guerre mondiale et l’émergence de nouveaux talents, elle n’en est pas moins la couturière la plus courue et représentative de l’élégance parisienne. Déterminée, elle inventera, le style Chanel, inimitable, la veste à chevrons, le collier de perles, la simplicité chic et des milliers de pièces uniques, travaillant sans relâche jusqu’au dernier jour de sa vie le 10 janvier 1971. Surnommée respectueusement Mademoiselle, elle laisse une empreinte indélébile dans le milieu de la mode, qui perdure encore aujourd’hui et irradie à travers le monde.